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Dominique Bertrand - Au-delà des apparences

Mannequin, communicatrice, animatrice, chroniqueuse, conférencière... et maintenant auteure. Avec Démaquillée, Dominique Bertrand réalise un rêve d'enfant: écrire un livre.

Modifié le :
2010-07-20 13:02
Publié le :
2010-07-19 15:34
Par:
Suzanne Décarie

Dominique Bertrand - Rencontre avec une femme vraie

Cette belle grande femme simple et directe m’a reçue chez elle, sur la montagne, dans sa maison avec vue imprenable sur Montréal, le fleuve et même la Montérégie au loin.

Nous avions rendez-vous pour parler de son premier livre — à mi-chemin entre l’autobiographie et l’art de vivre —, où elle passe de la confession aux conseils. Au fil des pages, on a l’impression d’entendre la voix de l’ex-animatrice qui a beaucoup lu, beaucoup réfléchi, beaucoup vécu... et qui ne se gêne pas pour dire ce qu’elle pense.

Pourquoi avez-vous un jour décidé d’écrire?
En fait, les Éditions de l’Homme me le demandaient, mais je reportais sans cesse le projet. Je ne me sentais pas prête, j’avais peur... et je trouvais toujours une raison de ne pas le faire. À un moment donné, je n’ai plus eu le choix: mon contrat à RockDétente n’étant pas renouvelé, j’avais le temps de m’y mettre.

Je me suis donc botté le derrière. Ç’a été très exigeant. J’ai dû faire beaucoup de travail d’introspection et de retours en arrière dans des périodes difficiles de ma vie. Après avoir fini certains chapitres — particulièrement ceux sur le deuil et la dépression —, je me couchais dans un état lamentable. J’étais remuée, bouleversée. Au fond, ce livre boucle toutes mes thérapies. L’écrire m’a permis de dresser un beau bilan. En lisant ma propre histoire, j’ai pu constater tout ce que j’avais surmonté, tout ce qui était désormais classé.

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Dominique Bertrand - Le livre d'une femme pour les femmes

À qui votre livre s'adresse-t-il?
Je suis une femme. Je m'adresse donc aux femmes. Particulièrement à celles qui se cherchent, qui ont du mal à se trouver à travers les aléas de la vie et qui ont l'impression de tourner en rond.

Car j'ai moi-même tourné en rond longtemps, surtout en amour... et c'était de ma faute! S'il y a des gars qui ont aussi envie de lire mon livre, ils auront matière à réflexion.


En quoi la Dominique « démaquillée » est-elle différente de votre image publique?
Je voulais que le titre du récit en annonce le contenu: laissez tomber l'image, c'est la fille qui vous parle. Là-dedans, je ne cache rien. Je suis à nu, aussi ouverte que dans le bureau d'un psy.
Ceux qui me voient à la télévision ou dans des soirées mondaines ne peuvent s'imaginer à quel point j'ai été complexée, vulnérable, et combien je manquais de confiance en moi. En fait, mon image publique me sert à la fois de protection et d'atout de séduction. Elle me permet autant de m'approcher des gens que de m'en éloigner.

Que teniez-vous à transmettre comme message?
Je voulais parler de la dépression. Après avoir témoigné de la mienne à l'émission de Denis Lévesque, en 2008, j'ai reçu quelque 600 courriels. J'avais l'impression d'avoir une certaine responsabilité envers les gens qui m'avaient écrit. Je me suis dit que si mon livre pouvait inciter ne serait-ce qu'une seule personne à demander de l'aide et à retrouver le plaisir de vivre, ce serait déjà ça. Je l'ai écrit dans cet esprit-là.

Si j'ai pu me sortir d'une grave dépression, dénicher un bon psychiatre, obtenir de l'aide, bénéficier d'une médication appropriée, les autres peuvent le faire aussi. En parlant de leur dépression, les personnalités publiques brisent un mur de tabous. Et les gens se sentent moins honteux de se retrouver dans la même situation. Ils se disent que si ça arrive à ceux qu'ils croient à l'abri de tout, ça peut leur arriver aussi.


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Dominique Bertrand - Un témoignage, un message

Je souhaitais également parler du deuil, mais de façon plus intime que je ne l'avais déjà fait.

J'ai retranscrit une partie du journal que j'ai rédigé à la suite de la mort subite de mon conjoint. Je tenais à ce que les gens comprennent la détresse innommable d'une personne endeuillée. C'est terrible. J'étais comme suspendue, il n'y avait plus de plancher en dessous. Mais j'ai remonté la pente. Il me fallait raconter qu'un jour les choses changent... et pour le mieux. La preuve: j'ai ensuite rencontré un homme extraordinaire.

Enfin, je désirais parler du don. Au cours de ma vie, chaque fois que j'étais au plus mal, rien ne m'a plus aidée que donner, même quand je n'avais rien. Donner, ça ne signifie pas nécessairement offrir de l'argent ou beaucoup de temps. C'est, par exemple, dire bonjour ou engager la conversation avec une personne qui a l'air plus mal en point que soi. Sentir qu'on aide quelqu'un, ça requinque. En donnant, on se remet dans le courant de la vie et on retrouve sa dignité.

Faut-il forcément souffrir pour évoluer?
J'aimerais pouvoir répondre non, mais ma propre expérience me démontre que c'est généralement à travers la souffrance qu'on évolue. Le changement naît du besoin: c'est à partir du moment où tu n'en peux plus que tu changes. Tout le monde a son lot d'épreuves. Certains en tirent quelque chose; d'autres, rien. Ça exige de la volonté de toujours se demander ce qu'on peut apprendre de nos difficultés, de nos erreurs. Et, surtout, comment faire autrement.

Car il y a une nuance entre la prise de conscience et le changement. On peut savoir certaines choses, sans pour autant agir différemment. J'ai fait ça pendant des années. La thérapie m'aidait à voir mes problèmes, mais je n'adoptais pas le comportement requis pour changer la donne. Jusqu'à ce que ça devienne assez douloureux pour que j'agisse.


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Dominique Bertrand - Le mystère de la foi

Vous dites avoir été touchée par la foi. Est-ce tabou d'en parler?
Je ne claironne pas ma foi.

Je ne prêcherai jamais, je n'essaierai jamais de convaincre qui que ce soit et je ne crois pas que les athées ou les gens d'une autre allégeance religieuse sont dans le mauvais chemin, mais si on me parle de ma foi, je réponds. Ça fait partie de moi.

C'est peut-être tabou pour certaines personnes de ma génération parce que l'expérience qu'on a eue de la religion dans notre enfance était très gnangnan. Je crois que l'Homme, avec un grand H, espère toujours être complètement maître de sa vie. Lorsque quelqu'un admet ne pas être à ce point maître de son existence, c'est souvent perçu comme une faiblesse. Comme s'il s'en remettait à une force supérieure au lieu d'assumer pleinement sa vie.

En ce qui me concerne, ma foi repose sur le mystère. J'ai cessé d'essayer de comprendre bien des choses parce que je réalise que ça fait partie du mystère. Les gens se demandent comment on peut croire en Dieu avec la catastrophe épouvantable qui s'est produite en janvier dernier à Haïti. Mais Dieu n'est pas un premier ministre! C'est une référence spirituelle bien au delà de notre condition humaine. Je suis convaincue qu'il y a un sens à la vie en général, qui m'échappe pour l'instant. J'y crois fermement, tout en étant dans la brume. J'accepte la notion de mystère.

À partir du moment où tu sais qu'il y a une vie après la mort, ta façon de vivre n'est plus la même. Personnellement, ça m'a rendue encore plus sensible à la misère humaine. Et, à cause du deuil qui m'a frappée, à la douleur des autres qui ont perdu un être cher. Je pense avoir acquis un plus grand sens du bien et du mal, pas en termes de péché, mais d'humanité. Ça m'oblige à être plus proche de mon cœur. Et il me faut agir en conséquence. Par exemple, si j'ai manqué de générosité, le soir en faisant mon bilan, je réalise que j'ai raté mon coup.


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Dominique Bertrand - Et le futur ?

J’essaie de garder ma foi vivante par la prière. Je vais régulièrement m’assoir à l’Oratoire Saint-Joseph pour réfléchir.

J’ai l’impression d’y être dans l’antichambre de la mort, d’avoir un pied de l’autre côté. C’est très apaisant. Je crois en Dieu, en Jésus, mais je ne saurais dire quelle est la part de mon héritage culturel là-dedans. Toutes les religions nous enjoignent à trouver le meilleur de nous-mêmes. Plusieurs se disent non-croyants, mais ils sont engagés, compatissants, ils aident les gens autour d’eux… Ces personnes-là cheminent aussi dans la voie de la spiritualité.

Quelles valeurs souhaitez-vous léguer à votre fille?

Je pense avoir réussi à lui transmettre la dignité, d’abord, mais aussi le respect de soi, l’estime de soi, la capacité d’indignation, le sens de la justice, la faculté de donner et d’agir en se protégeant elle-même. Des valeurs sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé: si je les avais eues à 20 ans, elles m’auraient préservée de bien des problèmes. Je vois chez ma fille beaucoup plus d’équilibre et d’assurance que chez moi au même âge. Je crois que ma décision de toujours lui dire la vérité l’a aidée à traverser les épreuves avec moi. Durant ma dépression, par exemple, je lui ai parlé franchement: «Tu dois trouver qu’on mange souvent du poulet St-Hubert ces temps-ci, hein? Je fais une dépression. Je me soigne, j’ai de l’aide, je prends des médicaments. Dans quelques semaines, ça ira mieux.» Le fait de savoir que je me prenais en main la déchargeait d’une responsabilité qui ne lui revenait pas. Elle sentait que, même si j’allais mal, je veillais au grain.

Vieillir vous fait-il peur?
Le vieillissement m’apporte plus que ce qu’il m’enlève. Bien sûr, on espère tous vieillir en restant autonome et en bonne santé. Cela dit, perdre l’éclat de ma jeunesse ne me fait pas peur du tout. J’explique d’ailleurs pourquoi dans Démaquillée: «Moi qui ai commencé ma vie corsetée dans la peur de tout et paralysée par le manque de confiance en moi, voilà que je suis capable de courage et d’assurance. Je peux enfin dire que je vis libre et debout. Cela vaut bien de perdre en fraîcheur. Je vous le garantis.»

La version originale de cet article a été publiée dans le numéro d'avril 2010 du magazine Vita .






Dominique Bertrand une maman poule?
La belle nous parle de sa relation avec sa fille Rosemarie, ainsi que de son rapport à la maternité.

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Commentaires

  • lune55's avatar lune55 a écrit :

    2010-07-20 9:21 PM

    merci dominique de parler sans avoir peur d étre juger le jardin du voisin parait toujours rose toi qui as vécu dans la parde et le luxe voyager fait la belle vie ....vécu tes peurs comme toute les autres femmes toute vie as bon histoire
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