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Ménopause - Apprivoiser nos hormones

Persuadée que l'hormonothérapie féminine bioidentique est la voie de l'avenir, la Dre Sylvie Demers démystifie ce sujet devenu controverse. Entrevue avec une dompteuse d'hormones.

Modifié le :
2009-12-09 10:17
Publié le :
2009-07-13 17:27
Par:
Karine Vilder

istockphoto

Entrevue avec avec la Dre Sylvie Demers

En plus d'être biologiste moléculaire et chercheuse, Sylvie Demers pratique la médecine depuis 10 ans. Véritable pionnière dans son champ d'expertise, elle a fondé en 2005 le Centre ménopause-andropause Outaouais afin d'aider les femmes à mieux vivre avec les changements hormonaux qui surviennent après la quarantaine.

La Dre Demers a toujours été pour l'hormonothérapie*. Les raisons? Ce traitement permet de moins souffrir des symptômes de préménopause et de ménopause, et aussi d'échapper le plus longtemps possible aux problèmes de santé liés aux fluctuations hormonales. En d'autres mots, il favorise une meilleure qualité de vie.  Compte tenu de l'augmentation de la longévité des femmes, la période préménopause-ménopause couvre désormais près de la moitié de leur existence... Pourtant, à en croire certaines recommandations du monde médical, l'hormonothérapie serait synonyme de danger.

Soucieuse de rétablir au plus vite la vérité sur le sujet, la Dre Demers a écrit Hormones au féminin - Repensez votre santé (Les Éditions de l'Homme), en se basant sur son expérience clinique et sur des centaines d'études scientifiques.

• Pourquoi êtes-vous devenue une spécialiste des hormones féminines?
Parce que je considère qu'il y a actuellement un grand besoin de faire connaître leur rôle dans le bienêtre et la santé des femmes, surtout en ce qui concerne l'estradiol-17β (un estrogène) et la progestérone.

À l'époque où j'étais médecin de famille et où je travaillais également à l'urgence, j'ai fait le constat suivant: un bon nombre de mes patientes ayant passé le cap de la quarantaine - particulièrement vers l'âge de 45 ans - commençaient à éprouver différents problèmes tels que palpitations cardiaques, douleurs musculosquelettiques, troubles digestifs, symptômes dépressifs ou anxieux, diminution de la concentration et de la mémoire, perte d'énergie et de libido, insomnie, irritabilité... Elles me demandaient: «Est-ce que tout ça est lié à mes hormones?»

Au fil des ans, mes observations et mes études m'ont amenée à constater que le déficit en progestérone et éventuellement en estradiol-17β (caractéristique de la préménopause-ménopause) y est en effet souvent pour quelque chose. Ces hormones exercent plusieurs fonctions dans le corps humain, ce qui explique la diversité des symptômes que peuvent ressentir les femmes préménopausées et ménopausées.

*L’hormonothérapie féminine bioidentique — soit l’estradiol-17β transdermique (comme EstrogelMD, Estradot®) et la progestérone (comme PrometriumMD) —, constituée d’hormones identiques à celles fabriquées par les ovaires.

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Mythes et réalités en matière de ménopause et hormonothérapie

• Pourquoi l'hormonothérapie féminine a-t-elle si mauvaise presse?
La médiatisation des résultats de Women's Health Initiative (WHI), une étude ayant pour but d'analyser les bienfaits et les risques de l'hormonothérapie, a déclenché un regrettable état de panique. Depuis, parler d'hormonothérapie féminine pour traiter la préménopause ou la ménopause est pratiquement devenu tabou. Au Centre, nous recevons des milliers de femmes qui ont souffert en silence pendant des années avant de nous consulter. Pour soigner «à la pièce» leurs différents signes et symptômes, certaines ont même dépensé une fortune en produits naturels (actée à grappes noires, phytoestrogènes, huile d'onagre), en techniques de toutes sortes (psychothérapie, ostéopathie, acupuncture) et en médicaments (antidépresseurs, hypnotiques, anxiolytiques).


La peur que je lis dans les yeux d'un bon nombre de femmes et de professionnels de la santé me peine et me choque. Il y a un tel écart entre ce que mes lectures scientifiques et ma propre expertise m'ont appris et ce qu'on dit dans les médias. Peu de gens font état des nombreuses études positives concernant les hormones féminines bioidentiques. Ou des évidences scientifiques selon lesquelles ces dernières, prises à dose adéquate et de façon précoce, constituent un facteur de protection contre les maladies cardiovasculaires (principale cause de décès chez les femmes), l'alzheimer et l'ostéoporose. L'estradiol-17β et la progestérone procurent de multiples bienfaits: ces hormones améliorent le bilan lipidique; elles ont des propriétés antiinflammatoires, antioxydantes, antihypertensives et antidépressives; et elles ont un effet bénéfique sur la production de collagène, sur le sommeil, etc.

• Quelle est la plus grande fausseté véhiculée à propos de la ménopause?
Qu'étant un phénomène naturel, elle serait bonne pour la santé et ne devrait pas être traitée. C'est vrai qu'elle n'a rien d'une maladie, mais à mon sens dire qu'il ne faut pas la soigner fait de nous des hypocrites. D'abord, les femmes et les professionnels de la santé essaient depuis longtemps de contrer efficacement les symptômes et les conséquences de la préménopause et de la ménopause avec différents médicaments et produits naturels dont les interactions et les effets à long terme sont peu connus. Ensuite, il est évident que la ménopause est naturelle, au même titre que la souffrance, le vieillissement et la mort. Or, prévenir ou traiter les conséquences du vieillissement, retarder la mort et soulager la souffrance constituent la base de notre médecine moderne.

• Quel est le plus grand mythe concernant l'hormonothérapie?
Sans la moindre hésitation: que les estrogènes, qu'ils soient bioidentiques ou non, augmentent les risques de cancer du sein, la bête noire de l'hormonothérapie féminine. J'en parle beaucoup dans mon livre parce que cette peur est tellement incrustée dans l'esprit des femmes que plusieurs préfèrent vivre avec les conséquences de la ménopause plutôt que prendre des hormones. Pourtant, 95 % des cas de cancer du sein surviennent après 40 ans, alors que les taux d'hormones féminines commencent à chuter. D'ailleurs, avec l'âge, ces taux continuent de diminuer alors que la fréquence du cancer du sein augmente. Par exemple, à 65 ans, les femmes ont des taux sanguins d'estradiol et de progestérone environ cinq fois moins élevés que les hommes de leur âge!

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Un conseil du Dre Demers

Ce qui ressort de l'analyse de nombreuses études d'envergure, c'est que les estrogènes (bioidentiques ou non) et la progestérone n'augmentent PAS le risque de cancer du sein. La responsabilité de cette hausse reviendrait plutôt à certaines progestines (molécules artificielles qui exercent des fonctions semblables à la progestérone).
Des médecins de famille m'ont confié qu'ils évitent de prescrire l'hormonothérapie par crainte d'être poursuivis si jamais une patiente développait un cancer du sein. En effet, l'ambigüité des recommandations du monde médical (Société canadienne du cancer, Société des obstétriciens et gynécologues du Canada) rend un grand nombre de médecins mal à l'aise à l'égard de l'hormonothérapie féminine.


• Si vous aviez un conseil à donner aux femmes, que leur diriez-vous?

D'être fières de leurs hormones! Elles sont trop nombreuses à avoir enduré les symptômes de préménopause et de ménopause pendant des années sans en parler. Il n'y a aucune raison scientifique ou logique de considérer l'hormonothérapie féminine bioidentique comme dangereuse. Au contraire, elle procure des bénéfices substantiels si elle est prescrite correctement. Cela dit, opter pour l'hormonothérapie féminine est un choix strictement personnel. Ce que je souhaite, c'est que les femmes soient renseignées adéquatement avant de prendre une décision. Choisir l'hormonothérapie, ce n'est pas refuser de vieillir... c'est vouloir bien vieillir.

Hormones sous étude
Parrainée par le gouvernement américain, l'étude Women's Health Initiative (WHI) a été menée auprès de plus de 16 000 femmes ménopausées âgées de 50 à 79 ans. Son but? Connaître les effets découlant d'un traitement hormonal associant estrogènes conjugués équins (comme Premarin®) et acétate de médroxyprogestérone (comme Provera®). Commencée en 1997 et devant se terminer en 2005, elle a été interrompue en mai 2002 lorsque les chercheurs ont réalisé que les femmes qui prenaient ces hormones présentaient un risque accru de cancer du sein et d'infarctus. Cependant, de nouvelles analyses ont montré que ces risques ne sont pas statistiquement significatifs.

Un deuxième volet de l'étude WHI a analysé plus précisément les effets des estrogènes conjugués équins. Les résultats ont prouvé qu'il y a eu moins de cancer du sein et d'infarctus chez les femmes qui prenaient des estrogènes que chez celles qui n'avaient pas recours aux hormones. Par ailleurs, le taux de mortalité des femmes ayant commencé l'hormonothérapie avant l'âge de 60 ans a diminué de 30 % comparativement à celles qui ne prenaient pas d'hormones.


La version longue de cet article a été publiée dans le numéro de mai du magazine Vita .

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Commentaires

  • Lindorie's avatar Lindorie a écrit :

    2009-09-30 10:56 AM

    Je souhaiterais que la Dre Demers ait raison. J'ai été opérée en mai 2008 pour un cancer du sein causé par la prise d'hormones pendant 11 années. Mon chirurgien et mon oncologue sont totalement opposés à la prise d'hormones et qui plus est je prends un bloqueur d'estrogène (Femara) qui me cause tous les problèmes énumérés plus haut dans l'article. Ma qualité de vie a baissée de 50%. Devrais-je choisir les hormones et prendre le risque de récidive, la question est posée. Lindorie
  • dbrouillarde's avatar dbrouillarde a écrit :

    2009-10-06 8:34 PM

    bonjour, J'ai lu ce livre, il faut être médecin pour bien comprendre tout ce que Dr Dre Demers mentionne, intéressant quand même.
  • Chris's avatar Chris a écrit :

    2010-02-18 2:44 PM

    Où puis-je trouver la réponse fournie à Lindorie (2009-09-30)? Mon cas est similaire, seules les dates et le nom du bloqueur d'estrogènes varient. Chris
  • Elaine's avatar Elaine a écrit :

    2010-02-18 3:25 PM

    Bonjour, Vous comprendrez que notre site n'est pas en mesure de fournir ce type de réponses. Votre médecin demeure votre meilleur conseiller en la matière. Bonne chance! Elaine, Édimestre
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