Qui suis-je? Que fais-je? Où vais-je?

«Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement», disait Boileau. Or, il arrive que notre avenir professionnel soit nébuleux à souhait. On sait qu'on n'est pas bien au travail, mais on ignore ce qu'on pourrait faire d'autre...

«Avant d'entreprendre une démarche de changement d'emploi, on doit amorcer une réflexion sur soi», soutient Pauline Abécassis, chasseuse de têtes et présidente d'Abécassis Conseil. Où suis-je rendue, qu'est-ce que j'aime et n'aime pas, quelles sont mes forces, qu'est-ce qui me caractérise, qu'est-ce qui me distingue? Pour avoir du pouvoir, il faut se connaître, affirment les spécialistes.

C'est le moment de dresser le bilan de sa vie personnelle et professionnelle. On devrait d'ailleurs faire le point chaque année, simplement pour savoir où l'on en est et pour planifier la suite de sa carrière. En passant honnêtement en revue nos réalisations, nos bévues et nos succès, on découvre nos forces et nos faiblesses, et on est à même d'avoir des pistes pour définir nos aspirations et établir nos objectifs.
«Ça ne se fait pas en dix minutes, prévient Danielle Labre, coach de carrière et de gestion chez Vézina, Nadeau, Labre. Après avoir noté certains éléments marquants de notre parcours, on laisse le temps aux autres éléments d'émerger, en les inscrivant quand ils se présentent.» Puis, on s'installe et on répond aux «qui suis-je, que fais-je, où vais-je?»

Comme la mémoire est une faculté qui oublie, la démarche est plus facile quand on a constitué un portfolio qui atteste concrètement ce que l'on a accompli. En résumé, disons que le portfolio est un classeur dans lequel on conserve, au fur et à mesure, des traces de tout ce qu'on fait - diplômes, attestations de formation, courriels de félicitations ou de remerciement, participation professionnelle ou bénévole à divers événements, notes sur les initiatives heureuses, les mandats délicats exécutés avec succès, les erreurs reconnues et corrigées... Le temps du bilan venu, on sort le classeur, on fait le tri parmi les lettres, gestes et interventions qu'on regroupe par thème, en retenant ce qui a de la valeur pour nous, ce dont on est fière, ce qui nous parle de nos performances et motivations.

En mesurant le chemin parcouru, on constate souvent qu'on a plus de potentiel et d'expérience qu'on le croyait. Des fils conducteurs et des constantes apparaissent: on est déjà à même d'aligner nos priorités. Pour compléter la démarche, on s'assure d'avoir répondu aux questions suivantes.

Qu'est-ce que je veux?
Qu'est-ce qui ne va pas? Tâches, milieu de travail, type de gestion ou valeurs de l'entreprise? Quelles modifications puis-je apporter à mes tâches, à mon horaire, à mes façons de faire ou à mon attitude? Quels objectifs pourraient raviver ma passion?

Qu'est-ce que j'aime dans mon travail? Quels sont mes intérêts? Travailler avec le public, gérer du personnel, créer, défendre des dossiers, prendre soin de...

Qu'est-ce que je n'aime pas? Quelles sont mes insatisfactions?

Quelles sont mes aptitudes, mes habiletés, mes compétences?Lesquelles de mes habiletés sont transférables à d'autres domaines d'emploi?

Qu'est-ce que je veux (la suite)?
Quelles sont mes valeurs personnelles et professionnelles? L'équilibre travail/vie personnelle, la sécurité financière, la reconnaissance, le milieu de travail, l'horaire...

Qu'est-ce qui caractérise mon parcours professionnel? Quelles sont mes forces et mes faiblesses?

Quelles sont mes exigences quant à un nouvel emploi? Salaire, horaire, valeurs de l'entreprise, environnement, situation géographique... Sur quels aspects accepterais-je de faire des compromis? Salaire, tâches, responsabilités, horaire, style d'entreprise...

Quels avantages offre mon emploi actuel? Suis-je prête à y renoncer?

Ai-je envie de retourner aux études? Pour combien de temps? Suis-je en mesure de le faire?

Quelles sont mes contraintes financières, conjugales, familiales?

Que faire maintenant?
Un bilan permet de réaliser soit qu'on est finalement bien au travail, mais que quelques modifications s'imposent pour retrouver la flamme, soit qu'il est temps de bouger. On peut alors penser à un changement d'emploi. À l'horizontale: on cherche le même type de poste, mais dans une entreprise plus conforme à nos valeurs. À la verticale: vers le haut, on vise une promotion; vers le bas, on sollicite un poste moins exigeant dans un secteur où on a moins d'expérience. Il faut parfois reculer pour mieux avancer ou envisager un retour aux études si le changement l'exige.

À l'aide!
Le bilan ne suffit pas à concevoir plus clairement la suite de sa carrière? On demande l'aide d'un conseiller en orientation , d'un psychologue du travail ou d'un coach de carrière (la pratique du coaching n'est pas régie par un ordre. La Fédération des coachs du Québec en regroupe près de 300, mais la recommandation de clientes satisfaites reste la façon la plus sûre d'en trouver un).

* Ne manquez pas de lire l'article «Un retour réussi!» dans le numéro de septembre du magazine Vita .

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