Faire l'amour? Oui, oui.

Qu'est-ce qu'on gagne à faire souvent l'amour avec notre conjoint?
On gagne plein de choses. En plus d'un certain épanouissement et d'un bien-être personnel, on sera beaucoup plus calme et plus paisible, car faire l'amour libère une certaine violence.

On sera également plus réceptive à l'autre, l'intimité qui en découle créant des liens étroits. On parle souvent de confidences sur l'oreiller. Les rapports sexuels prolongent cette communion et, surtout, ils nous permettent de ne pas se sentir seule, isolée.

Une sexualité insatisfaisante met-elle automatiquement le couple en danger?
Très souvent, oui. Tous les couples connaissent évidemment de temps à autre des baisses de sexualité - rien de plus normal! -, mais si elles durent trop longtemps ou si elles perdurent, c'est là qu'on va voir une agressivité naturelle s'installer entre les conjoints. Dès lors, tout sera source d'agacement et ils vont commencer à se disputer pour des broutilles, que ce soit à cause de chaussettes qui traînent ou d'une porte d'armoire restée ouverte! Il faut savoir qu'une cohabitation intime prolongée devient beaucoup plus difficile à supporter sans sexualité parce que cette dernière n'inhibe plus l'agressivité naturelle.
À l'inverse, une absence de sexualité peut également être la résultante de problèmes au sein du couple: le couple ne s'entend pas pour d'autres raisons, ce qui finit par détériorer la sexualité.
Dans un cas comme dans l'autre, une sexualité insatisfaisante est le symptôme d'un couple en danger.

Même lorsqu'on s'entend bien avec notre conjoint, pourquoi finit-on généralement par moins faire l'amour avec lui?
Je pense qu'il faut se garder de présenter ça comme une fatalité, car on voit aussi de temps en temps des gens qui sont ensemble depuis très longtemps et qui continuent à avoir une sexualité satisfaisante. Je songe entre autres à ce couple de septuagénaires venus me demander conseil parce que, depuis peu, ils ne faisaient plus l'amour qu'une fois par semaine au lieu de deux ou trois!

Une fois les premiers mois de passion passés - cette période extatique s'étend rarement au-delà de deux ans -, l'autre ne sera plus capable d'éveiller notre désir par sa simple présence. Il faut donc entamer une démarche positive active qui va nous permettre de construire une relation, et plus on multiple les occasions d'échanger des expériences sexuelles agréables, plus on va resserrer les liens du couple. Si on ne le fait pas, on risque de vouloir changer de partenaire tous les deux ou trois ans afin d'échapper à l'ennui ...

Plus concrètement, comment peut-on continuer à avoir une sexualité riche après 10 ou 15 ans de vie commune?
Pour commencer, on doit accorder de l'importance à sa sexualité. On en accorde à ses enfants, à son boulot et aux obligations du quotidien (préparation des repas, lessives, etc.), et comme on est ensuite souvent trop épuisée pour avoir des idées coquines, on relègue la sexualité au second plan. Le problème, c'est qu'on ne peut pas réussir quelque chose si on n'y consacre qu'un minimum de temps et d'énergie.

Pour y remédier, je suggère essentiellement trois choses:

• s'arranger pour être ensemble et se toucher à la moindre occasion, par exemple lorsque les enfants sont couchés;
• cultiver notre imaginaire érotique en se donnant l'autorisation de rêver et de fantasmer;
• réintroduire la séduction au sein du couple, car c'est elle qui nous permet d'amorcer un dialogue érotique.
  

Au lit, quelles erreurs commettent trop souvent les hommes avec nous?
Ils ont un désir qui monte assez vite et ils vont court-circuiter plusieurs phases qui nous sont pourtant essentielles, c'est-à-dire toutes celles qui sont liées à la séduction.

Alors si on n'a pas ça en tête, on va être à des années-lumière du désir de notre conjoint s'il vient par exemple se coller dans notre dos pendant qu'on fait la vaisselle! Mais s'il vient tranquillement vers nous en disant des mots doux, ça peut être différent. Comme on est très auditive, on a envie qu'il nous parle d'amour!

Comment y remédier?
C'est très délicat d'en discuter avec notre partenaire, car on peut facilement le vexer ou le blesser parce qu'il va entendre des reproches. Il faut donc jouer plus rusé afin de différer ses ardeurs, car on a terriblement besoin du jeu de la séduction pour éprouver à notre tour du désir!
S'il vient se coller dans notre dos pendant qu'on fait la vaisselle, on va donc lui tendre un linge en lui demandant de nous parler d'amour pendant qu'il essuie les assiettes! On peut aussi lui demander de faire la vaisselle à notre place pendant qu'on le caresse. Et chaque fois que notre partenaire fait quelque chose de bien, on le lui signale et on l'encourage à recommencer.

Pour en savoir plus, on lit Faire l'amour pour éviter la guerre dans le couple (aux Éditions Albin Michel, 208 pages, 2010, 26,95 $), le plus récent ouvrage de la sexologue et psychosomaticienne Ghislaine Paris.

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