Bru ou rivale?
Bru ou rivale?
Après avoir connu des rapports plutôt moches avec les mères de ses deux ex-conjoints, Anne se sent maintenant complice de sa belle-maman actuelle. «Nous avons une relation de "femme à femme" plus que de "bru à belle-mère", dit-elle. Je la trouve drôle, intelligente, courageuse, généreuse. Bref, je l'admire.» Question de maturité affective, croit Anne qui, aujourd'hui quinquagénaire, a beaucoup évolué depuis ses premières relations de couple. Mariée à 20 ans, encore jeune et peu confiante, elle avait alors l'impression d'être jugée par sa première belle-mère.
Plus tard, dans la trentaine, Anne a découvert la rivalité avec celle qui allait être sa deuxième belle-maman durant quatre ans. «Nous étions en compétition pour l'amour du fils qu'elle adorait. Un jour, alors qu'il lui faisait la bise sur les deux joues, elle s'est exclamée: "Pas comme ça!" Et elle l'a embrassé sur la bouche. J'étais sidérée...
De son côté, toujours perçu comme un héros aux yeux de sa mère, il lui était difficile de couper le cordon, d'autant plus qu'elle alimentait ce lien. En fait, mon ex était pris dans cette dynamique qui le valorisait. Et comme je n'étais pas béate d'admiration devant lui, il trouvait que je ne l'aimais pas assez. Ça a d'ailleurs altéré notre relation. Quand nous nous sommes quittés, je lui ai dit de régler ses problèmes avec sa mère, sans quoi il n'aurait jamais de rapports sains avec une femme.
Selon Hélène Boisvert, ceux et celles qui sont le plus soumis à l'emprise de leur mère ne s'en aperçoivent souvent pas. «Il y a un problème lorsque la relation entre l'enfant et sa mère est trop intime, explique la psychologue. Certaines mères ne savent pas lâcher prise. Et certains enfants n'arrivent pas à se sevrer de leur famille; ils la préservent plutôt que de protéger leur couple.»