Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de
Vita
Publié dans le numéro de Décembre 2009-janvier 2010
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Il y a tellement de façons de donner et tant de gens dans le besoin que notre sens du partage se perd dans les couloirs de la misère. On ne sait plus à quelle cause se dévouer. Pourtant, les Québécois sont reconnus pour être généreux.
Mais la crise économique, les scandales financiers à la Vincent Lacroix, Bernard Madoff et Earl Jones — pour ne nommer que ceux-là —, l’incompétence de plusieurs de nos dirigeants, la collusion et la corruption dans le monde municipal et le milieu de la construction… Tous ces abus de confiance, ces obus de malveillance nous frappent de plein fouet, nous laissent une indécrottable impression de déjà vu (et le pressentiment qu’on n’a encore rien vu).
Pas étonnant qu’on se demande si ce bourbier n’est que la pointe de la fosse septique. Qu’on imagine un abîme sans fond de malversations qui attendent d’être mises au grand jour. Qu’on finit par croire que seuls les contribuables ont attrapé le virus de l’honnêteté et que les experts en magouilles et embrouilles sont carrément immunisés.
Difficile de ne pas être cynique dans un tel contexte, mais on doit garder à l’esprit qu’il existe des gens pour qui l’intégrité, la générosité et la probité ne sont pas que des concepts. Des personnes qui portent à bout de bras des causes ardues mais jamais perdues. Des femmes et des hommes qui nous redonnent espoir et confiance en l’être humain.
Et il y a nous, la majorité occupée, débordée, fatiguée, qui ne peut imaginer ajouter une «corvée» bénévolat à son BlackBerry. Pas de temps, pas d’argent, pas d’énergie, pas d’intérêt.
Alors qu’un petit geste peut faire une différence. Cliché ou pas, qu’on y croie ou non, acheter le magazine L’Itinéraire à l’occasion, participer à la guignolée, donner à un organisme de son choix, contribuer au panier de Noël de son entreprise, faire cadeau d’un livre neuf à la Fondation pour l’alphabétisation , assister à une soirée-bénéfice, offrir un sourire, un bonjour et encore mieux un dollar à un sans-abri, devenir Grand Frère ou Grande Soeur … Tous ces gestes, petits et grands, aident, soulagent et réconfortent.
Partager n’a jamais fait mourir personne, pas même les gens occupés, mais l’indifférence, elle, peut tuer…