Blogs sur Vita Magazine

17 mai 2010

Cultiver son jardin

Classé dans : Aventures et évasions Elaine Labrecque @ 13:57

Jadis propriétaire d’un condo, d’un balcon et d’une minuscule cour, je m’évertuais, année après année, à transformer mon petit lopin de terre. En fait, je devrais peut-être plutôt dire petit lopin de glaise. C’est qu’à part quelques robustes arbustes, rien ne poussait. Pour ajouter au défi, j’avais droit à 15 minutes d’ensoleillement par jour. Je sais, ce peut être ravissant un jardin d’ombre. Ma bibliothèque contient un grand nombre de magazines magnifiques à ce sujet. Malgré tous mes efforts, impossible de reproduire les idées trouvées dans ces pages glacées. Je rêvais des Jardins de Métis et je récoltais plutôt la végétation luxuriante d’un stationnement de centre commercial. Pour me consoler, je pouvais au moins admirer sur le balcon ma douzaine de géraniums dans leur pot de grès, ainsi que mes boîtes à fleurs qui débordaient de patientes impatientes (les deux seules espèces survivantes de cet environnement hostile). De la mi-mai à la mi-octobre, elles devenaient mes fidèles compagnes. En dépit de mes insuccès horticoles, je garde tout de même de bons souvenirs de cette époque révolue. J’adorais bêcher, sarcler, biner. Bien plus que de remuer cette maigre terre, c’était mes soucis de la dernière semaine que bêchais, mes ennuis que je sarclais, mes conflits que je binais. Je soupçonne que c’est le cas aussi pour tous ces jardiniers du dimanche. Croyez-moi, ils ne font pas qu’aménager leur cour, c’est tout leur jardin intérieur qu’ils font fleurir…

Vous cherchez des idées et des conseils sur le jardinage?
Je vous invite à aller faire un tour du côté du site jardinage.net , ou encore sur la section réservée au jardinage des sites Décormag.com et de Coupdepouce.com Vous trouverez sur ces sites de quoi nourrir votre passion.

23 juillet 2009

Plaisir d’été

Classé dans : Aventures et évasions Elaine Labrecque @ 8:10

Il pleut. Encore. À la mi-juillet, le ciel avait déjà déversé sur nos têtes les précipitations moyennes pour le mois. La pelouse verdit et nous aussi. Une consolation toutefois dans cette grisaille: la chaude voix de Dany Laferrière. Comme il l’a fait les saisons précédentes, on peut l’entendre, le matin, à la radio de Radio-Canada avec l’animateur Franco Nuovo.

On connaît déjà l’auteur et l’éditorialiste, mais l’été il joue les conteurs et nous livre ses billets sonores. Pur moment de plaisir. Son thème récurrent: la littérature. Tout à coup, je ne suis plus dans l’autobus en route pour le travail. Je l’accompagne chez sa grand-mère à Port-au-Prince ou je suis à table avec lui dans un café de la rue Saint-Denis. Petits voyages acoustiques. La semaine dernière, nous sommes allés visiter une librairie puis, un cimetière.

Et vous savez quoi? Il faisait soleil.

Rendez-vous sur le site de la radio de Radio-Canada pour écouter Paroles d’écrivain . Billets en direct les lundis et mercredis à 8 h 25.

5 décembre 2008

Aurevoir Zambie

Classé dans : Aventures et évasions Linda Priestley @ 8:42

Vendredi 5 décembre. Jour 7. Mon dernier réveil en Zambie. Il est 6 h. Au moment où j’écris ces lignes, les horloges du Québec affichent 22 h, toujours jeudi. Peut-être que certaines d’entre dorment déjà? Les autres, allez ouste au lit! Demain, c’est vendredi pour vous, dernier jour d’une semaine sans doute chargée…

Dans quatre heures, j’irai flâner dans quelques boutiques de Lusaka, en particulier, une bijouterie exceptionnelle où, m’assure-t-on, je suis certaine de faire une bonne affaire. Ceux qui me connaissent le savent, je ne suis pas une fille à bijoux. Je n’en porte aucun, à part une montre. Mais si j’y vais avec plaisir, c’est pour admirer les créations d’ici certes, mais surtout pour saisir l’occasion de passer du temps avec deux femmes exceptionnelles, Louise et Jess, mes compagnes de voyage.

Parce qu’avec elles, la conversation va bon train! Mme Fréchette, connaît à fond les rouages du système politique, sur la scène locale et internationale, et ceux des organismes mondiaux. Elle en parle avec passion, mais les deux pieds bien ancrés sur terre. Il me tarde d’interviewer plus longuement cette femme à la fois fascinante et d’une grande simplicité.

Quant à Jessica Tomlin, quel dynamo! Une boule d’énergie, malgré ses quatre mois de grossesse. Même si elle est jeune (A-t-elle 30 ans? Je l’ignore. Je ne demande plus l’âge à celles qui me semblent avoir moins de 30 ans…:0) ), elle démontre une force de caractère et une maturité hors du commun (Elle pourrait avoir 40 ans, quoi!). Ce qu’elle en a vu des choses pendant ses années au sein de CARE et autres organismes mondiaux. Mais j’arrête ici de la louanger; elle rougira trop en lisant ces lignes…

Je suis désolée de leur rendre hommage en quelques lignes seulement; leur vie, leur dévouement méritent que nous leur consacrions davantage. D’ailleurs, j’ai une idée derrière la tête…

À suivre!

Linda Priestley, rédactrice en chef adjointe et responsable santé au magazine Vita, accompagne une équipe de CARE Canada en Afrique. Pour en savoir plus sur son périple, lisez  les autres messages de son blogue, ainsi que la première page de son carnet de voyage.

4 décembre 2008

C’est jeudi. On fait la commande au Zambie.

Classé dans : Aventures et évasions Linda Priestley @ 13:13

Jeudi 4 décembre. Jour 6. Aujourd’hui, pas d’enfilades de rendez-vous ni d’entrevues. Mais que d’émotions fortes! En voici quelques unes.

La force de la communauté
Nous visitons un centre d’assainissement d’eau, qui dessert le district de Chaisa, à Lusaka, où vivent environ 5000 personnes dans des conditions déplorables. Ce centre, instauré par CARE en 2002, est, bien entendu, géré, entre autres, par la communauté, et représente un symbole d’espoir pour les Zambiens.

Vous y songez : il y a 20 ans, une femme pouvait marcher plusieurs kilomètres avant d’atteindre une source pour faire provision d’une eau beaucoup plus coûteuse à cette époque. De nos jours, quelques pas suffisent pour atteindre une eau assainie, qu’on se procure à 100 kwacha (environ 30 sous) par 20 litres. Une famille de 6 nécessite environ 7 contenants de 20 litres quotidiennement.

Une Zambienne souriante, mère de 3 enfants, me serre la main pendant que ses seaux se remplissent. Chaque jour elle se rend à la pompe et traîne trois contenants de 20 litres qu’elle ramène à la maison, située, heureusement, non loin de là.

On est loin du marché Jean-Talon! (Pour les lectrices qui ne viennent pas de Montréal et qui ne le connaîtraient pas, sachez que c’est un de nos endroits chouchous, qu’on fréquente avec plaisir et appétit).
Nous empruntons ensuite les trottoirs du marché où s’agglutinent des centaines de marchands qui vendent des denrées en tous genres : tapenka (poisson séché qu’on mange à pleine poignées ici), légumes (je n’ai pas vu de fruits), prises électriques, papier à sabler, meubles décrépis, vêtements usés… C’est grouillant de personnes, les trottoirs sont en fait des chemins rendus boueux par la pluie, la marchandise offerte n’est guère alléchante, bref, vous le devinez en lisant ces lignes que mon moral est au plus bas. Le pire, c’est cette odeur qui m’assaille non seulement par le nez, mais par toutes les pores de ma peau. Un mélange peu ragoûtant de sueur, de saleté, d’aliments pas frais, de matières fécales.

Réveil brutal
Dur de croire que la pauvreté urbaine est malgré tout moins pire que celle qui sévit dans les campagnes… C’est que loin de la ville, la misère semble moins palpable… et surtout moins nauséabonde. Au grand air, les pires odeurs deviennent plus subtiles. Le petit côté romantique de la vie rurale est un leurre. C’est à la dure que je viens de comprendre…

Les gens, toujours les gens…
Tout comme à la campagne, les gens en ville sont d’une incroyable gentillesse. Personne ne m’a quêté de l’argent. Personne (Mais on me dit que ça arrive à l’occasion, surtout si le quêteur a bu). On m’a souri, serré la main, sans jamais rien me demander, à part si j’allais bien. Tu parles si je vais bien! Demain, je repars pour le Canada, où m’attendent ma maison, ma cour, mes robinets d’où s’écoulent une eau propre, ma douche, ma vie sans pépins, sans tracas, à part ceux que j’aime bien m’inventer, mon épicier juste à côté, bref, j’en meurs de honte. Mais qu’est-ce que ça change à leur vie que je sois mal à l’aise ou non? RIEN. Alors je leur souris, parce que c’est tout ce qu’ils veulent de moi et parce que j’en ai envie. Je veux marcher avec eux dans les rues de ce grand bazar hétéroclite, partager avec eux, dans le moment présent, ce petit coin d’univers. Respirer avec eux ces quelques bouffées d’air, gratuites pour eux comme pour moi. Et sourire du fond du cœur, ça non plus ça ne coûte rien.

Dur dur d’être marchande
Matrida est une vieille marchande, au regard pétillant, qui me tient la main tout au long de notre conversation (un interprète assure la traduction). Derrière son comptoir, où sont étalés quelques légumes, elle passe près de 18 heures par  jour. Gagne-t-elle bien sa vie? À vous de juger : si la chance lui sourit, elle peut empocher à la fin de sa longue journée quelque 8000 kwacha, environ 2,50 $. Mais certains jours, avoue-t-elle, désolée, en baissant la tête et en la secouant, elle ne fait absolument rien… Pourtant, elle m’assure qu’elle adore son travail qui lui permet de potiner avec les clients et les passants.

Les W.C. me poursuivent!
Je croyais y échapper! Pourtant qui dit assainissement d’eau parle aussi de toilettes. On s’est fait un plaisir de m’en faire visiter deux modèles. Avertissement : si vous êtes sur le point de vous mettre à table, je vous conseille de ne pas lire la suite. Premier modèle: l’ecosun. Le principe en est simple. Dans un cabinet en ciment, on effectue son dépôt au dessus d’un trou. Le produit de cette transaction se ramasse dans un énorme bac en plastique noir, situé à l’extérieur du cabinet, et renfoncé en grande partie dans le sol. Le soleil s’y met de la partie pour assurer l’évaporation du méthane et ainsi assécher complètement les matières contenues dans le bac. Après une semaine environ, cette matière, sèche comme du sable, est ramassée, pour ensuite servir d’engrais. Une toilette écologique, quoi! Le deuxième modèle est encore moins ragoûtant. Je vous en dispense donc l’explication (d’autant plus que je ne suis pas sûre de l’avoir compris à 100 %). Chose certaine, je ne me lasse pas d’admirer l’ingéniosité des ingénieurs en toilettes… :0)

Linda Priestley, rédactrice en chef adjointe et responsable santé au magazine Vita, accompagne une équipe de CARE Canada en Afrique. Pour en savoir plus sur son périple, lisez  les autres messages de son blogue, ainsi que la première page de son carnet de voyage.

3 décembre 2008

Go Zambiennes Go!

Classé dans : Aventures et évasions Linda Priestley @ 15:57

Mercredi 3 décembre. Jour 5.
Le thème du jour : Go les filles!

Dans un tout petit bureau d’un poste de police, quatre femmes (qui font partie de l’Unité d’aide aux victimes de violence), dont une policière, se démènent comme des diablesses pour que la violence contre les femmes et les enfants (surtout!) cesse. Je vous assure qu’elles ont du pain sur la planche (je n’ai pas encore les chiffres, mais disons que la violence conjugale est ici monnaie courante).
Heureusement, elles ont aussi du cœur au ventre. Ici aussi, elles ont une aide appréciable : un programme d’aide a été instauré afin de sensibiliser la population, d’aider à changer les lois (selon la loi traditionnelle, une Zambienne ne peut divorcer pour cause de violence conjugale) et d’offrir du secours aux victimes. À cet effet, l’Unité travaille en étroite collaboration avec un centre d’aide qui offre conseils, consultations, thérapies de couple et assistance légale.

Visite top secrète
Les femmes de notre groupe sont conduites à un refuge pour femmes et filles violentées. Comme chez nous, ce genre d’endroit est caché pour assurer la sécurité de celles qui y logent temporairement. Ici, c’est magnifique. La maison, située au pied d’une montagne impressionnante, surplombe l’immense vallée de Chipata. J’y fais la connaissance d’une orpheline de 13 ans, qui a été violée par ceux qui l’ont prise en charge. Malgré tout, la petite vous fait des sourires grands comme ça et vous regarde dans le plus creux des yeux.  Je cherche encore une toute petite place dans ma valise qui me permettrait de l’emmener avec moi au Canada…

Adieu Chipata
Retour en avion à Lusaka. Nous disons bye-bye à nos quartiers dans la quasi jungle pour retrouver le confort d’un hôtel plus cossu. Je le regrette un peu. Franchement, à part ma crainte de la malaria, je préfère nettement le côté un peu plus sauvage de l’Afrique. Je suis tombée éperdument amoureuse de ces petits villages où courent enfants, pugas (chiens en dialecte zambien), poules, cochons et cochonnets (trop cutes, mais attendez de savoir à quoi ils servent : à manger les rebus), où règnent en même temps l’ordre et le désordre, la frénésie (parce qu’il faut survivre) et la lenteur (parce qu’il fait chaud et dans le fond, ça sert à quoi de courir). Et les gens, ah! les gens! Touchants, braves, généreux. Dans l’avion qui nous ramène vers Lusaka, je verse des larmes, le nez collé contre le hublot.

Souvenirs impérissables de la journée:
Ces petites filles violentées qui, malgré tout, affichent sans cesse un sourire, ces femmes courageuses qui se battent pour que les choses changent… et ma tristesse de quitter ce coin de la Zambie que j’ai l’impression d’avoir toujours connu sans jamais y avoir mis les pieds… et que je transporterai dans mon cœur pour toujours.

Demande spéciale : Qu’on m’expédie une plus grosse valise. J’ai des enfants à ramener. Je jure de ne pas vous incriminer si je me fais prendre aux douanes.

Linda Priestley, rédactrice en chef adjointe et responsable santé au magazine Vita, accompagne une équipe de CARE Canada en Afrique. Pour en savoir plus sur son périple, lisez  les autres messages de son blogue, ainsi que la première page de son carnet de voyage.

Moments forts en Zambie

Classé dans : Aventures et évasions — Tags : Linda Priestley @ 15:42

Mardi 2 décembre. Jour 4 pour moi ici, en Zambie. Le plus rempli… et le plus enrichissant jusqu’à présent. Je vous fais grâce de tous les détails (la première version de ce blogue comportait presque 6 pages de texte!). Faut bien que je vous laisse quelque chose à vous mettre sous la dent (à lire dans le magazine Vita version papier- qui paraîtra dans un des numéro suivants). J’ai donc décidé de raconter ma journée par moments forts. Les voici dans le désordre, car ils sont tous importants et me tiennent à cœur.

Deux initiations après 40 ans :
1-    Ma première nuit sous un moustiquaire africain.
2-    Je me suis fait piquer par un maringouin… et pour la première fois de ma vie, j’ai paniqué big time! Et si j’attrapais la malaria? «Tu le sauras dans 7 jours si oui ou non tu as été contaminée ou non», me disent les gens de Care. Le lendemain, ces mêmes personnes m’assurent qu’elles se sont un tantinet moquées de moi. Merci les amis, c’est vraiment charitable de votre part de me foutre ainsi la frousse! :0)

Moment vista: Les routes ici sont fascinantes. Cahoteuses à souhait (attention, les grandes comme moi doivent veiller à ne pas lever la tête trop souvent au risque de se la cogner contre le toit de la jeep), mais jalonnées de champs immenses, de petites bicoques en bois ou en pierre, avec toits de paille, de quelques grappes de bâtiments commerciaux, de magasins (pour acheter quand les moyens le permettent quelques denrées alimentaires, comme poulets, poissons, fruits et légumes, ou vêtements). Tout le long du chemin, on croise et on dépasse des Zambiens à bicyclette, des enfants trop mignons qui nous envoient la main, des femmes qui reviennent des champs avec des pots en terre cuite ou des paniers, posés en équilibre sur leur tête et remplis de la récolte du jour.

Moment confus : Ma rencontre avec le staff de CARE qui s’occupe des programmes d’aide communautaire. J’y perds souvent mon latin entre tous ces acronymes d’organismes de charité, l’énumération des régions couvertes par les programmes et la description des programmes eux-mêmes. Mais je retiens toutefois la passion, le dévouement, l’éloquence, la persévérance et la foi dont fait preuve chaque membre de ce groupe. Une fois leur timidité surmontée, hommes et femmes décrivent le programme qui leur a été assigné avec conviction, ferveur et compétence. Ce pays a beau être pauvre, il est riche en matière humaine!

Moment touchant : La plupart des habitants d’un tout petit village, Mzime, (deux centaines de personnes, pas plus), se déplacent pour venir nous rencontrer. Notre visite est leur jour de fête, l’occasion de briser leur monotonie quotidienne. À vos postes les interprètes : le dialecte parlé ici est le Chiwa. Mais on comprend la joie qu’ils éprouvent en nous voyant rien qu’à leur façon de nous sourire et de nous serrer la main, parfois le bras.

Moment cocasse:
Une vingtaine de villageoises invitent les femmes de notre groupe, c’est-à-dire Louise, Jessica et moi, à pénétrer dans une petite pièce sombre où elles nous font une démonstration du Chimwali, danse destinée à préparer les jeunes filles au mariage… Vous l’aurez deviné, il s’agit d’un cours d’initiation sexuelle (ou l’art de plaire à son mari). Une autre première après 40 ans pour moi : assister à un numéro de danse assez évocateur, exécuté par une fille aux seins nus… Et avec aucun homme dans les parages.

Moment Une star de l’aménagement paysager est née :
Dans un autre village, nous faisons la connaissance de Phiri, une femme de 64 ans qui, malgré son visage ravagé par les épreuves, darde sur nous un regard vif et intelligent. Depuis un an, Phiri reçoit de l’argent d’un programme d’aide sociale pour les personnes âgées, qui lui permet de mettre de la nourriture sur sa table. Elle a même été en mesure de se bâtir une nouvelle maison. C’est Phiri elle-même qui l’a conçue, fait venir les matériaux (de la brique surtout) et « tricoter » le toit en paille. Mais cette pro de la réno ne veut pas s’arrêter là : elle rêve de se construire un toit en métal. Pour une meilleure protection, lui demande-t-on? La réponse est tout autre: « Je veux un toit en métal pour faire différent des autres villageois!».

Souvenirs impérissables de la journée: La profusion des mangues qui tombent des arbres, les jeunes enfants qui, pour la plupart, sont en train de vivre, sans le savoir, les plus belles années de leur vie (je cherche un moyen de leur faire une place dans ma valise), les femmes dévouées qui veulent aider les autres… Et ces mêmes femmes qui me répondent quand je leur demande leur âge : « Hum oui. Hum oui» (c’est leur façon d’éviter la question), parce qu’elles ne le savent tout simplement pas. Alors vous pensez. Les rides, les cheveux gris, elles s’en foutent complètement. Quand je pense qu’ici, on en fait une véritable obsession… Ça fait réfléchir.

Linda Priestley, rédactrice en chef adjointe et responsable santé au magazine Vita, accompagne une équipe de CARE Canada en Afrique. Pour en savoir plus sur son périple, lisez  les autres messages de son blogue, ainsi que la première page de son carnet de voyage.

2 décembre 2008

En direct du Zambie

Classé dans : Aventures et évasions Linda Priestley @ 14:53

Lundi 1er décembre. Jour international du Sida en Zambie. C’est aussi, pour moi, jour 3 ici. Trois jours seulement. Et pourtant, j’ai l’impression d’être arrivée à Lusaka, il y a plusieurs semaines tellement il s’en passe des choses en si peu de temps.

Mais revenons à la nuit précédente, où je n’ai pas fermé l’œil. Décalée vers la droite en terme de fuseaux horaires et ayant largement profité des sièges d’aéroport et d’avion pour roupiller à mon aise, je suis complètement déboussolée et à vif. Je lis, je ferme la lumière, j’ouvre la lumière, je zappe avec la télécommande tv (je vous passe le nombre d’émissions sur les canaux africains, bollywoodiens et de la BBC que je me suis tapées!), je ferme la lumière, je l’ouvre, et on recommence.

À 5 h du matin, je me résigne et je me laisse bercer par le chant des oiseaux, un son très typique de l’endroit car il y a plus de 750 espèces à plumes qui s’y mettent chaque jour pour nous offrir un concert très revigorant dès la levée du soleil. À midi (avec 40 minutes de retard), je prends place dans un tout petit avion (max 20 sièges) en compagnie de Jessica et de Grégoire, le photographe de CARE. Destination : Chipata, petite ville des provinces de l’est, collée sur la frontière qui sépare la Zambie du Malawi.

À quelque 3000 pieds d’altitude, la vue d’en haut est spectaculaire. Tellement que j’en oublie que ce matin, j’ai avalé de l’eau par mégarde en me brossant les dents (l’épisode de Charlotte au Mexique dans le film Sexe à New York, ça vous dit quelque chose?). On est drôlement brassés dans un bi-moteur, mais il en faut plus pour me distraire du panorama qui s’offre sous mon nez et à perte de vue : parmi les innombrables monts, s’étend un incroyable damier, une couverture en patchwork (courtepointe pour faire plaisir à Zaza notre incorrigible gardienne du bon français), où sont cousus, l’un à l’autre, des carreaux rouges, verts et jaune brûlé à l’infini. Le rouge, c’est la terre de la Zambie, qui ressemble un peu à celle des Îles-du-Prince-Edouard. Le fer contenu dans le sol lui donne cette teinte de vierge effarouchée. D’ailleurs, je me demande si chaque pied carré de cette immensité à été foulé au moins une fois depuis son existence… C’est grand comme ça, je vous dis!

À Chipata, je dois retrouver Louise Fréchette, ambassadrice de CARE, puis visiter un orphelinat, un des projets mis en place par ledit organisme. Hélas, un malheureux concours de circonstances en décide autrement. Ce matin même, sans doute pendant que je me gargarisais allègrement à l’eau non distillée de la Zambie, la jeep qui doit cueillir Mme Fréchette au Mfuwe lodge (une réserve située dans un parc nationale) où elle se trouvait depuis quelques jours, pour la conduire jusqu’à nous, se renverse en cours de route (la quasi impraticabilité des chemins, surtout pendant la saison des pluies, rend difficile, voire dangereux, tout déplacement en voiture. Les accidents surviennent donc fréquemment). Heureusement, mené à la clinique aussitôt, le chauffeur s’en tire sans trop de mal. Mais en raison de cet imprévu, la visite à l’orphelinat est annulée. Le coup est dur pour les gens de CARE. D’autant plus qu’en peu de temps, ils doivent dénicher un autre véhicule. Pas facile dans cette contrée. Quelques heures plus tard, une autre tuile tombe sur eux et sur la pauvre Mme Fréchette : la voiture de secours finalement dégotée s’étouffe en chemin. Au moment où j’écris ces lignes (22h, heure locale), nous attendons encore sa venue…

Malgré tout, la journée ne se déroule pas en vain. J’explore les alentours du Bed & Breakfast de Mama Rula où nous logeons (bonne nouvelle, les filles, finalement, nous dormirons chacun dans nos propres quartiers), prends quelques photos et mange une quiche délicieuse et format géant, préparée par une sympathique et chaleureuse Zambienne qui veille à bien nourrir son  monde. Je me trouve dans un bar tout en bois, en compagnie de jeunes campeurs (Oui, ça existe des gens assez téméraires pour dormir sous la tente dans la brousse). Il pleut de façon intermittente tout l’après-midi. Lorsque quelqu’un réclame un jeu de cartes, j’ai l’impression soudaine de me trouver dans un terrain de camping au Québec!

En fin d’aprem, je lis sous les fenêtres de  mon  petit bungalow, accompagnée par les rires des enfants locaux qui se baignaient dans la piscine. Je hume le parfum enivrant et entêtant du jasmin africain et je me laisse engourdir par une chaleur douce et enveloppante… Malgré le manque de sommeil, je suis bien, heureuse, en paix. Comme si l’air est vaporisé d’eau d’euphorium.

Dans quelques instants, je m’en vais m’enfouir sous les couvertures de mon lit, sous un moustiquaire hermétiquement fermé, habillée des pieds à la tête et crémée de lotion anti-moustiques du bout des oreilles jusqu’à la pointe des orteils et je vais m’endormir, je l’espère du moins, en écoutant les aboiements des chiens du coin…

Bonne nuit chère Afrique. Et bonne nuit à vous.

Linda Priestley, rédactrice en chef adjointe et responsable santé au magazine Vita, accompagne une équipe de CARE Canada en Afrique. Pour en savoir plus sur son périple, lisez la première page de son carnet de voyage.

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